Bertrand Badie s’est imposé comme l’un des experts en relations internationales les plus reconnus. Il est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages qui font référence et a été conseiller de la rédaction de L’état du monde pendant une vingtaine d’années.
« Quand le Sud réinvente le monde. Essai sur la puissance de la faiblesse » a été publié aux éditions La Découverte en 2018. L’agenda international se règle aujourd’hui sur les urgences sociales, sanitaires ou démographiques. Un signe que la faiblesse est devenue un levier important dans la recomposition du rapport de force entre les nations.
Thèse principale
Bertrand Badie montre comment le Sud, largement issu de la décolonisation, réagit à la situation de blocage d’un ordre international pris au piège de la mondialisation et, reprenant la main, recompose le système. L’auteur affirme que la décolonisation a échoué et que l’échec de la décolonisation est au cœur des désordres multiples qui secouent le monde.
Arguments développés
Jusqu’à la fin de la guerre froide, la compétition entre puissances a fait l’histoire. Aujourd’hui, non seulement elle est mise en échec, mais la faiblesse, à l’origine de la plupart des conflits (à travers celle des États, des nations institutionnalisées, ou du lien social), définit les enjeux internationaux et produit la plupart des incertitudes qui pèsent sur l’avenir .
Le sens de la conflictualité mondiale s’en trouve bouleversé. Devenue compétition de faiblesses, elle n’est plus territorialisée, n’oppose plus exclusivement des armées et des États ; peut-être a-t-elle même pour seule finalité de perpétuer des « sociétés guerrières ».
Le système international se transforme, inévitablement, sans que les États n’en prennent la mesure : il intègre de nouveaux acteurs et réécrit l’agenda international jusqu’à faire des questions sociales les enjeux majeurs de notre temps (démographie, inégalités, sécurité humaine, migrations).
L’ouvrage s’inscrit dans la continuité de ses travaux précédents et développe une analyse sociologique des relations internationales qui met l’accent sur le rôle croissant des sociétés et des enjeux sociaux dans la recomposition du système international contemporain.