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Dieu sur Terre de Thomas Fersen

Dieu sur Terre est le premier roman de Thomas Fersen, un chanteur et auteur-compositeur français connu pour ses chansons poétiques et souvent teintées d’humour.

L’écriture en octosyllabes

L’une des particularités les plus remarquables de Dieu sur Terre est son écriture en octosyllabes. Cette forme poétique, où chaque vers compte huit syllabes, confère au texte une cadence et une musicalité qui rappellent les chansons de Thomas Fersen. Le roman explore en profondeur la relation entre le narrateur et son grand frère. Le roman décrit par de petites scénettes le Ménilmontant et le Pigalle des années 70 et on le devine, les souvenirs d’enfance de l’auteur.

Je vous recommande Thomas Fersen en concert autant pour le tour de chant que pour les moments inter-chansons car on s’y amuse beaucoup. On retrouve son humour décalé dans cet ouvrage qui est mon coup de cœur du moment.

Discographie de Thomas Fersen

  • Les Ronds de carotte (1995)
  • Le Jour du poisson (1997)
  • Quatre (1999)
  • Pièce montée des grands jours (2003)
  • Le Pavillon des fous (2005)
  • Trois petits tours (2008)
  • Je suis au paradis (2011)
  • Thomas Fersen & The Ginger Accident (2013)
  • Un coup de queue de vache (2017)
  • C’est tout ce qu’il me reste (2019)
  • Le choix de la reine (2025)

Un court extrait

Justice du père

Pour donner des repères, étant mon biographe, commençons par mon père.

Mon père me donne des baffes.

Il me les donne par paire et c’est sur les oreilles, un véritable expert, mon vieux, je vous l’conseille. Ça vole par deux, ses baffes, c’est comme les papillons. Il lève la main et Paf! Paf! sur les pavillons. Et au fond de moi-même, au fond du plus profond, condamnation suprême, mon père, j’le traite de con. Je veux plus l’embrasser même si c’est mes parents. Pour m’en débarrasser, je dis qu’je suis trop grand. Seulement la vraie raison, c’est qu’il me met des baffes. Mais il n’y fait pas gaffe, parce que, dans cette maison, montrer ses sentiments et se mettre à pleurer, on trouve ça très gnangnan, ça nous fait bien marrer. On tue les araignées et on dit pas: «Je t’aime». On ramasse des peignées.

Toujours le même barème, c’est un aller-retour, on entend des abeilles, ça tourne un peu autour et on a les oreilles qui virent du rose au parme. Mais on ravale nos larmes et on fait comme Papa, on ne s’attendrit pas.

Nous, on est plus malins, l’amour, on trouve ça louche.

Ni baisers, ni câlins, lorsque Papa me touche, c’est pour une bonne raclée. Toujours le même tarif: Parce que je me rebiffe ou parce que j’ai volé, pour un carreau cassé, une bulle en orthographe, je vais les ramasser, je le sais, mes deux baffes. Quand il faut que ça tombe, je peux compter dessus, je n’attends pas trois plombes, je ne suis pas déçu. Et les oreilles en feu, comme si c’était normal, je retourne à mes jeux. Ça me fait même plus mal.

Thomas Fersen – « Dieu sur Terre »
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