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Le Jour d’Avant : Un Roman de Sorj Chalandon

Sorj Chalandon est un écrivain et journaliste français né en 1952. Il est connu pour ses romans qui explorent souvent des thèmes sociaux et historiques. « Le Jour d’Avant », publié en 2017, est l’un de ses ouvrages les plus marquants. Ce roman raconte une histoire sur la mémoire, la justice et la rédemption.

« Le Jour d’Avant » raconte l’histoire de Joëlle, une femme qui a perdu son frère Joseph dans un accident de mine en 1974. Quarante ans plus tard, elle décide de rouvrir l’enquête sur cet accident pour comprendre ce qui s’est réellement passé. À travers son enquête, Joëlle découvre des secrets enfouis et des vérités dérangeantes sur les conditions de travail des mineurs et les responsabilités des dirigeants de l’époque.

Le roman explore les thèmes de la mémoire, de la justice et de la rédemption. Sorj Chalandon nous emmène dans un voyage où chaque personnage est marqué par les événements du passé. À travers des descriptions et des dialogues, l’auteur nous fait ressentir la douleur et la détermination de Joëlle dans sa quête de vérité.

Les Livres de Sorj Chalandon

Voici une liste de quelques-uns des livres publiés par Sorj Chalandon :

Prix Littéraires

Sorj Chalandon a reçu plusieurs prix littéraires pour ses œuvres, notamment :

  • Prix Médicis (2006) pour « Une promesse »
  • Grand Prix du Roman de l’Académie Française (2011) pour « Retour à Killybegs »
  • Prix Goncourt des Lycéens (2013) pour « Le Quatrième Mur »
  • Prix Renaudot (2021) pour « Enfant de salaud »

un court extrait du livre

Cécile, ma femme
(Paris, vendredi 21 mars 2014)

À l’aube, Cécile est partie sans que je lui aie tout dit.
Ma femme m’avait demandé de rentrer à la mai- son. Elle voulait quitter l’hôpital et s’éteindre chez nous. Son généraliste avait protesté. L’hospitalisation à domicile dérangeait ses habitudes. Il ne nous a parlé que de lui.
On dirait qu’il panique, avait souri ma femme.
Le médecin était jeune. C’était la première fois qu’une patiente lui demandait d’accompagner sa fin. Pendant un an, il l’avait suivie et réconfortée sans jamais rien promettre. Puis l’avait convaincue d’entrer à l’hôpital. Qu’elle veuille en sortir pour Noël? Il comprenait, bien sûr. À l’heure du crépuscule, Cécile n’espérait plus. Elle voulait oublier les odeurs d’éther, de Javel. Oublier les échos de couloir, les toux lointaines, les râles de l’aube, les claquements de mules, les coups frappés par une femme de ménage contre une porte qu’elle ouvrait sans attendre. Elle voulait s’éloigner des murs sans images, des fenêtres sans voi sins, des draps qui n’étaient pas les siens. Elle voulait déserter le jardin de mourants où nous marchions à petits pas. Elle réclamait son intimité, ses repères, ses rituels, nos traces. Elle voulait fermer les yeux en mur- murant son identité.
Mais toi, auras-tu la force? m’a-t-elle demandé.
Et je lui ai dit oui.
Depuis des mois, j’arrivais à l’hôpital le matin et j’en repartais le soir, coupable de l’abandonner. Je sortais de sa chambre au moment de la toilette et des soins. Je déjeunais avec elle, assis au pied de son lit. L’après-midi, je sommeillais dans le fauteuil pendant qu’elle dormait. Parfois, j’enlevais mes lunettes, je m’allongeais à ses côtés et nous regardions murmurer la télévision. Elle n’était plus ma femme, mais la chambre 306. Je n’étais plus son mari, mais un visiteur. J’avais à peine le droit de tapoter ses oreillers ou d’approcher un verre d’eau de ses lèvres.
Je gênais la bonne marche de la maladie.

« Le Jour d’Avant » de Sorj Chalandon
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