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Linwood Barclay, contre toute attente

Je n’ai pas envie de m’appesantir sur un livre aussi fade, mais c’est tellement sans intérêt qu’il faut en dire deux ou trois mots. C’est le service de presse de l’éditeur qui m’a envoyé le livre, au dos duquel on a une jolie phrase, sans doute tarifée de Stephen King : “Mon idée du bonheur ? Trois jours de pluie, un frigo bien rempli et le nouveau Linwood Barclay. ” Il est peu exigeant face au bonheur Stephen King…

L’intrigue

Glen est un brave entrepreneur sans défaut ni traits saillants qui bascule dans une intrigue médiocre lorsque sa femme décède bêtement au volant de sa voiture. Ivre morte, c’est le cas de le dire. Mais comme elle ne buvait jamais, ou alors pas souvent et pas beaucoup ; juste des petits coups, c’est bizarre… Glen se gratte la tête et découvre qu’elle trafiquait des objets contrefaits, sacs à main ou médicaments, pour mettre du beurre dans les épinards. Comme c’est très dangereux comme business, la voilà morte.

Que dire de ce livre…

Linwood Barclay est un sémillant canadien qu’on présente un peu abusivement comme le nouveau Harlan Coben, qu’il lui même était le nouveau, “Mr Untel” à ses débuts. Et ainsi vont les quatrième de couverture, en recyclant l’argumentaire de vente du produit précédent.. Les auteurs qui vendent servent d’étalon à ceux qui commencent.

En lisant le livre de Linwood Barclay, j’ai pensé surtout à l’homme qui voulait vivre sa vie de Douglas Kennedy, que je n’avait pas aimé non plus, ou à Patrick Bauwen (voir aussi Seul à savoir). Comme on publie un peu trop de polars, il faut donner des repères au lecteurs, bien sûr. Oui, oui ; Mais quel ennui… Ces romans là s’épient et sont construits de la même manière. Et moi je m’ennuie de ces histoires préfabriquées, modèle “page turner” avec une surprise à la fin. Comme on a déjà tout fait en matière de dénouement, les auteurs de thriller qui se bousculent dans l’impasse de la “fin surprenante” surprennent de moins en moins.

Peu importe si les ficelles sont épaisses. C’est mécanique et tout se ressemble. Les histoires comme celles là se passent toujours aux États-Unis, avec toujours le même type de héros un peu lisse ; Il gagne toujours son argent honnêtement, et protège bravement les siens. Au dénouement, le méchant est le personnage le plus improbable du livre… C’est illogique vis à vis de l’histoire, mais ça ménage une surprise.

C’est nul. Faut que j’arrête les polars…

Un court extrait du livre

Fiona Kingston, la mère de Sheila, n’a jamais fait partie de mon fan-club, c’est le moins que l’on puisse dire. La mort de sa fille n’a fait que la conforter dans son jugement.

Elle avait toujours pensé que sa fille méritait mieux que moi. Bien sûr, elle ne m’avait jamais dit les choses en face. Cependant, elle me faisait constamment sentir que Sheila aurait mieux fait d’épouser un type dans le genre de son premier mari, le défunt Ronald Albert Gallant. Avocat de grand renom. Pilier de la communauté. Le père de Sheila…

Sa fille avait onze ans à peine lorsqu’il était mort d’un infarctus, mais son influence lui avait survécu. Fiona mesurait tous les soupirants de sa fille à l’aune de ce mètre étalon, y compris les tout premiers, les petits amis que Sheila avait eus dans son adolescence. La mère passait leur curriculum au crible : que faisaient leurs parents ? à quelles associations d’étudiants appartenaient-ils ? Avaient-ils un bon parcours scolaire ? Quelles notes avaient-ils eues au bac ? Que voulaient-ils faire dans la vie ?

Sheila avait tout de même gardé quelques souvenirs de ce père qu’elle avait connu si peu de temps. Souvenirs qui se résumaient à cela :il n’y avait pas grand-chose dont elle puisse se souvenir. Le grand avocat était rarement à la maison. Il s’intéressait bien plus à son travail qu’aux siens. Il était lointain et peu démonstratif.

Sheila n’était pas certaine de vouloir un époux qui lui ressemble. Certes, la mort de son père, qu’elle avait beaucoup aimé, l’avait profondément marquée. Mais il n’avait pas laissé un si grand vide dans son existence.

Lorsque Fiona s’était retrouvée veuve, le peu de tendresse maternelle dont elle avait fait montre jusque-là avait disparu. Fiona s’était focalisée sur les affaires du ménage. Ronald Albert Gallant n’avait pas laissé sa femme et sa fille dans la misère, mais il avait fallu un certain temps à Fiona pour maîtriser la situation, avec l’aide de nombreux comptables ou hommes de loi. Elle avait pris goût à la chose, s’initiant à la Bourse, multipliant les investissements profitables et consultant régulièrement ses rapports financiers.
Ce qui laissait malgré tout le temps de se mêler des affaires sentimentales de Sheila.

Linwood Barclay, contre toute attente

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