Présentation du Roman
Jean-Pierre Goux écrit « Le Siècle Bleu », un roman de science-fiction. Bien que naïf, ce livre reste agréable à lire. Dans un futur proche marqué par le péril climatique, Américains et Chinois se disputent la Lune. Ils convoitent ses gisements d’hélium 3, une ressource précieuse quasi absente sur Terre.
Personnages Binaires
Je qualifie le roman de naïf car les personnages y sont binaires, voire très binaires. D’un côté, le président américain n’est qu’une marionnette de riches industriels et financiers. Cette partie de l’échiquier se compose de méchants laids, sans foi ni loi. Ils ne reculent devant aucune bassesse : ils détruisent la fusée chinoise, sacrifient des astronautes innocents, discréditent des opposants par la propagande. De l’autre côté, des militants écologistes, bons et irréprochables, ressemblent aux gentils de « Star Wars ».
L’Intrigue
Les Américains projettent de détruire la fusée chinoise avant qu’elle n’atteigne la Lune. Ils envoient secrètement un laser et un militaire pour cette mission. Malheureusement, tout explose sauf la fusée chinoise. La base américaine est détruite. Seul un astronaute survit.
Les Écologistes de Gaïa
Pendant ce temps, sur Terre, les écologistes mènent des actions vigoureuses pour sauver des dauphins, des pandas et diverses espèces. Dirigés par un néo-chaman adepte de champignons hallucinogènes, ils se structurent dans une organisation nommée Gaïa. Ils cultivent le secret et la prudence. Cependant, le président américain accuse Gaïa de l’explosion de la base lunaire. Il les fait passer pour des terroristes pour couvrir l’échec du laser.
La Quête de Justice
Comment vont-ils laver leur honneur et démontrer la vilenie du président et de ses complices ? Vous le saurez en lisant ce roman. Bien que l’histoire soit un peu simplette, on se laisse facilement emporter. Il est parfois agréable de se sentir redevenir adolescent. À l’heure où le printemps revient, c’est charmant. En tout cas, même si ce ne sera pas le roman de l’année, j’ai passé un bon moment avec « Le Siècle Bleu ».
Un court extrait du livre
Jour 1, Taiji, Japon.
Le siècle bleu de Jean-Pierre Goux
En cette nuit d’automne, un doux clair de lune baignait les eaux sombres de la région de Taiji. Un dauphin au corps fuselé émergea de l’océan Pacifique et y replongea gracieusement. Ce saut fut suivi d’un autre, rapproché. Le dauphin n’était pas seul. Il était accompagné d’une dizaine de congénères, avec lesquels il jouait sous les rayons bienveillants de la pleine lune. Du haut de la falaise qui surplombait la côte, João Amado observait la scène avec ses jumelles de vision nocturne. Il était tendu. Après plusieurs années d’attente, son heure était enfin venue.
– Mettez-vous en position, commanda-t-il en japonais dans le micro relié à son oreillette.
La fréquence des bonds de la horde s’intensifia. Le groupe était en fait bien plus important. Des centaines de cétacés, qui croisaient à l’automne au sud de l’île d’Honshu, s’étaient réunis pour une gargantuesque partie de pêche et se rapprochaient du rivage. Tout autour, on pouvait discerner des navires d’où provenaient le son de frappes métalliques régulières, certainement des chalutiers attirés par les mêmes eaux poissonneuses.
– Démarrez la caméra, chuchota João.
Maintenant. La meute de dauphins, suivie par les bateaux, s’engouffra dans une crique. Les navires s’arrêtèrent à son entrée et mirent à l’eau leurs chaloupes. Des marins, revêtus d’épaisses combinaisons cirées et munis de lances, installèrent des filets qu’ils tendirent d’un bateau à l’autre. Le cercle formé par les chaloupes reprit sa progression vers la côte, transformant la crique en un piège mortel. João abaissa ses jumelles. Il ne savait pas s’il pourrait supporter une fois de plus ce spectacle macabre. L’année précédente, les repérages l’avaient complètement écœuré.
Il espérait bien qu’à partir de cette nuit, les dauphins ne mourraient plus dans des conditions aussi atroces. Pressentant une fin proche, un petit groupe de dauphins se dirigea vers les embarcations et tenta de franchir les f ilets. Quelques-uns parvinrent à regagner le large, mais les autres se retrouvèrent prisonniers du bassin artificiel. La panique gagnait la horde qui ne pouvait plus fuir. Sans aucun mérite, les pêcheurs japonais lançaient des lassos dans cette masse grouillante et remontaient, vivants, quelques jeunes spécimens suspendus par la nageoire caudale. Leurs mères affolées se jetaient à pleine vitesse contre les chaloupes pour les faire chavirer, mais leurs rostres, pourtant puissants, venaient se briser sur les carènes de métal. Les malheureuses étaient aussitôt assommées à coups de rame.