Erik Orsenna
Erik Orsenna, né Erik Arnoult en 1947 à Paris, est un écrivain français reconnu pour la diversité de ses écrits et de ses engagements. Diplômé de Sciences Po et docteur en économie, il a occupé des postes de conseiller ministériel et de chargé de mission auprès du président François Mitterrand.
Membre de l’Académie française depuis 1998, Orsenna est l’auteur de nombreux romans et essais, abordant des thèmes variés tels que l’économie, l’environnement et des récits personnels. Son œuvre L’Exposition coloniale a été récompensée par le prix Goncourt en 1988.
Engagé dans la protection de l’environnement et la sensibilisation aux enjeux écologiques, Erik Orsenna participe également à des initiatives éducatives et culturelles. Son parcours et ses écrits témoignent d’une profonde réflexion sur le monde contemporain et ses défis.
La Fontaine ou l’école buissonnière
La Fontaine ou l’école buissonnière est une biographie romancée de Jean de La Fontaine, écrite par Erik Orsenna. Le livre retrace la vie et l’œuvre du célèbre fabuliste français, en mettant en lumière ses inspirations, ses rencontres et son parcours littéraire. Diverses figures historiques qui ont croisé le chemin de La Fontaine sont évoqués, comme Nicolas Fouquet ou Madame de La Sablière, qui ont joué un rôle dans sa vie et son œuvre. Le livre suit un parcours chronologique, émaillé d’anecdotes et de réflexions sur la création littéraire.
Une des fables sélectionnées par Orsenna et mise en valeur à la fin du livre
Le Loup et l’Agneau
La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l’allons montrer tout à l’heure.
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d’une onde pure.
Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
— Sire, répond l’Agneau, que Votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu’elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d’Elle,
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson.
— Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l’an passé.
— Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ?
Reprit l’Agneau, je tette encor ma mère.
— Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.
— Je n’en ai point.
— C’est donc quelqu’un des tiens :
Car vous ne m’épargnez guère,
Vous, vos bergers, et vos chiens.
On me l’a dit : il faut que je me venge.
Là-dessus, au fond des forêts
Le Loup l’emporte, et puis le mange,
Sans autre forme de procès.